Chicoutimi, 10 octobre 1998

Communiqué de presse    

 

LANCEMENT D'UN DOSSIER NOIR SUR LE LOGEMENT ET LA PAUVRETÉ;

Sérieuse aggravation de la situation des locataires du Saguenay

 

La situation des locataires du Saguenay s'est sérieusement détériorée depuis le début des années 80, au point où il faut désormais parler de crise du logement. C'est à cette conclusion qu'en arrive Loge m'entraide, en dévoilant les données régionales d'un Dossier Noir sur le logement et la pauvreté préparé par le FRAPRU , un regroupement national de promotion et de défense du logement social dont Loge m'entraide est membre.

Loge m'entraide somme les candidats aux élections, dont le Premier ministre Lucien Bouchard, dont le comté est durement affecté, à se prononcer sur cette situation et à prendre des engagements clairs en faveur du développement de nouveaux logements sociaux.

 

Chicoutimi: De pire en pire

En se basans sur les données du recensement de 1996, Loge m'entraide évalue que les locataires qui représentent environ 45 % de l'ensemble des ménages de Chicoutimi, vivent une situation encore plus difficile qu'en 1991.

Le nombre de ménages locataires qui doivent consacrer plus que la norme de 30 % de leur revenu brute en loyer (chauffage et électricité inclus), y est passé de 3400 en 1991 à 4390 en 1996, pour une augmentation de 29 %.  40.8 % des locataires de Chicoutimi sont dans cette situation.

Pire encore, le nombre de ménages locataires engloutissant la moitié de leur revenu dans les coûts de logement est passé de 1630 à 2495, pour une hausse dramatique de 53.1 % en cinq ans.  23.2 % des locataires de Chicoutimi se retrouvent aujourd'hui dans cette situation désastreuse qui les oblige à choisir mois après mois entre payer le loyer ou se nourrir.

 

Encore plus désastreux chez Lucien Bouchard

La situation est proportion encore plus désastreuse à Jonquière, représentée à l'Assemblée nationale par Lucien Bouchard.

Les locataires représentent 39.5 % de l'ensemble des ménages de Jonquière, mais ils sont généralement plus pauvres qu'à Chicoutimi.

47.4 % des locataires de Jonquière consacrent plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer.  4060 ménages sont dans cette suituation.

Par ailleurs, 26.6 % des locataires engloutissent`la moitié et plus de leur maigre pitance dans le logement.  2280 ménages sont dans cette situation catastrophique.   Il s'agit d'une augmentation de 50 % en comparaison avec le dernier recensement.

 

Et La Baie ?

La condition des locataires qui représentent 40 % de la population de La Baie est moins critique qu'à Chicoutimi et surtout Jonquière.  Elle est néanmoins difficile pour une partie des locataires.  970 ménages locataires, environ 1 sur 3, paient plus de 30 % de leur revenu en loyer.   580 ménages, un peu moins d'un sur cinq, dépensent plus de la moitié de leur revenu pour se loger.

 

Qui est touché ?

Certaines catégories de personnes et de familles sont plus touchés.  67 % des jeunes de moins de 25 ans de Jonquière consacrent 30 % et plus de leur revenu en loyer, ce pourcentage étant de 62 % à Chicoutimi.  À Jonquière, 53 % des personnes de 55 à 64 ans vivent la même situation.

Les femmes ont généralement plus de risque que les hommes de consacrer un pouircentage exagéré de leur revenu en logement.  56.2 % des femmes de Jonquière et 47.4 % de celles de Chicoutimi paient plus que le pourcentage critique de 30 % de leur revenu en loyer.

Parmi les types de ménage, ce sont les personnes seules et les familles monoparentales qui sont les plus affectées.  61.5 % des personnes vivant seules à Jonquière consacrent plus de 30 % de leur revnu en loyer. 

 

La même tendance partout au Québec

L'aggravation de la situation du logement n'est évidemment propre au Saguenay.   518 700 ménages locataires québécois consacrent aujourd'hui plus de 30 % de leur revenu au loyer, ce qui affecte près d'un million de personnes, femmes, hommes et enfants.  272 825 ménages sont dans une situation encore plus périlleuse, puisque c'est plus que la moitié de leur maigre pitance qui passe en loyer.

Le Dossier Noir du FRAPRU identifie la baisse du revenu annuel des locataires comme la cause principale de la détérioration du problème.  À Chicoutimi, le revenu moyen est passé de 27 062 $ à 25 349 $, une chute de plus de 1 700 $ (sans même tenir compte des effets de l'inflation ).  À Jonquière, le revenu annuel moyen, qui était déjà plus bas que la moyenne québécoise, a littéralement dégringolé, passant de 25 012 $ en 1991 à 22 560 % en 1996, pour une baisse de près de 2 500 $.

Le comité pointe aussi du doigt la responsabilité du gouvernement fédéral qui, après avoir sabré à répétition dans les budget réservé au développement de nouveaux logements sociaux à partir de 1990, y a totalement mis fin, depuis le 1 janvier 1994.  À l'échelle du Québec, ce désengagement a fait perdre 29 000 logements, depuis 1990.  C'est autant de ménages locataires qui ont été condamnés à demeurer dans la misère.

 

Les conséquences

Selon Loge m'entraide, l'aggravation du problème du logement force de plus en plus de personnes et de familles à choisir entre payer le loyer ou manger.

En s'appuyant sur différentes études, Loge m'entraide affirme qu'il y a un lien direct entre le pourcentage du revenu consacré au logement et l'icapacité d'un nombre grandissant de personnes de familles à s'alimenter correctement.  Celle-ci se répercute par la suite sur la santé physique et mentale des personnes.

Pour un nombre grandissant de ménages, ces sacrifices sont mêmes insuffisants pour arriver à peyer le loyer ou les services, d'où l'augmentation importante des recours à la Régie du logement pour non-paiement des loyers, de même que des interruptions de services par Hydro-Québec.

 

La véritable solution: le logement social

Loge m'entraide considère que la solution à la crise du logement passe par une véritable relance du logement social, sous la forme de HLM, de coopératives d'habitation, et de logements gérés par des organismes sans but lucratif (OSBL).   Comme le FRAPRU, le regroupement Loge m'entraide appartient, le groupe parle carrément de la nécessité d'un Grand Chantier de logement social.

Il n'existe présentement au Québec qu'un seul programme de logement social baptisé AccèsLogis.  Il permet le développement d'à peine 1 325 logements coopératifs et sans but lucratif par année à l'échelle du Québec.  40 logements sont réservés pour le Saguenay et le Lac-St-Jean dans ce programme.  Loge m'entraide évalue que c'est ridiculement peu par rapport au besoin.

Le groupe croit que, pour avoir un impact majeur sur les condtions de logement, il faudrait au moins reprendre le rythme de réalisation du début des années 80, alors que 8000 nouveaux logements sociaux étaient financés annuellement au Québec.

 

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