Chicoutimi, le 15 juin 2001
Communiqué de presse
Loge m’entraide se montre très critique des orientations gouvernementales en matière de lutte à la pauvreté, annoncées ce matin à Québec, même si le gouvernement a promis à cette occasion un investissement important dans le développement de nouveaux logements sociaux «pour les personnes les plus démunies».
Loge m’entraide voit dans cet engagement la reconnaissance par le gouvernement Landry du rôle essentiel que le logement social peut jouer dans la lutte à la pauvreté. Il ajoute cependant que les sommes qui seront prises à même la réserve de 100 millions $ créée lors du dernier budget Marois ne seront pas récurrentes et qu'elles ne pourront permettre la construction que d'une infime partie des 8000 nouveaux logements sociaux qu'il réclame. Le gouvernement semble par ailleurs les rendre conditionnelles à un accord avec le fédéral sur le programme de logements abordables qu'il tente présentement de négocier avec les provinces.
L'organisme précise de plus que l'actuel programme AccèsLogis, le seul qui permette encore le financement de logements coopératifs et sans but lucratif au Québec, se termine en 2002 et que le gouvernement n'y a pas encore annoncé de suite. Loge m’entraide souligne enfin que près de 20 000 ménages locataires québécois attendent sur des listes d'attente pour un HLM et qu'aucun logement de ce type n'a été construit depuis près de huit ans au Québec.
Du réchauffé
Plus globalement, Loge m’entraide estime que les orientations annoncées par le premier ministre Bernard Landry et les ministres Jean Rochon et Nicole Léger «sentent le réchauffé». L'organisme reproche particulièrement au gouvernement de ne démontrer aucune volonté d'améliorer réellement le revenu et la qualité de vie de toutes les personnes subissant la pauvreté, quelle que soit leur situation. Il se dit particulièrement scandalisé que le gouvernement ne s'engage pas fermement à respecter le droit de l'ensemble des personnes assistées sociales à un revenu suffisant pour couvrir leurs besoins essentiels. Il est également outré que le gouvernement péquiste semble persister dans son refus d'augmenter substantiellement le salaire minimum.
Loge m’entraide considère que les orientations gouvernementales restent encore beaucoup trop centrées sur la création et l'incitation à l'emploi, ainsi que la croissance économique. Pour Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide, «la création d'emplois doit assurément faire partie d'une stratégie globale de lutte à la pauvreté, mais c'est une grave erreur que de la considérer comme la panacée universelle, la solution à tous les problèmes». Elle rappelle que l'ensemble des personnes subissant la pauvreté ne peuvent avoir accès à un emploi et que ce ne sont pas toutes les personnes y ayant accédé qui sont pour autant sorties de la pauvreté. «Comment le gouvernement peut-il continuer d'ignorer l'existence des travailleurs et travailleuses pauvres?», se demande-t-elle.
L'organisme entend donc continuer à se battre pour que la stratégie gouvernementale, qui sera débattue cet automne, soit fondée sur une approche de droits plutôt que sur la sempiternelle division entre pauvres «méritants» et pauvres «non-méritants». Elle doit aussi disposer de moyens financiers suffisants, ce qui, d'après Loge m’entraide, ne semble pas être le cas avec les annonces faites ce matin à Québec. Elle doit se traduire par une amélioration réelle du revenu et de la qualité de vie des personnes subissant la pauvreté, quelle que soit leur situation, et impliquer une répartition plus équitable de la richesse. Loge m’entraide estime enfin qu'une telle stratégie doit être encadrée par une loi comprenant des obligations de résultat, dans l'esprit de celle proposée par le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté.
En terminant, la coordonnatrice de Loge m’entraide s'adresse au premier ministre Landry « Si M. Landry veut des félicitations, il devra faire beaucoup plus non seulement pour le logement social, mais pour l'ensemble de la lutte à la pauvreté».