6 novembre 2009

 

Texte d'opinion

 

« Travail social » et « Évangélisation »

n’ont pas le même but

 

 

A/s  M. Jonathan Perron

Jeunesse ouvrière chrétienne 

 

M. Perron, Loge m’entraide ne désire absolument pas créer une polémique à la suite de votre texte d’opinion et ne veut surtout pas se mêler de se qui ne le regarde pas.  C’est pourquoi je n’engagerai que moi-même dans ce texte car ce n’est pas au nom de la coordonnatrice de Loge m’entraide que je décide d’écrire aujourd’hui mais bien en mon nom personnel, en tant qu’intervenante sociale.  Lorsque que vous vous exprimez en parlant du Travail social et y mélangeant du même coup le domaine de l’évangélisation, je ne puis rester indifférente.  J’aimerais donc apporter une petite lumière concernant le but de chacun des 2 domaines, le Travail social et l’Évangélisation. 

But 

Le but du Travail social est de répondre avant tout à un besoin, une problématique.  Étant moi-même intervenante en travail social depuis 1994, la première règle d’éthique dans tous les domaines où j’ai travaillé (homme ayant des problèmes en santé mentale, femmes en difficultés, adolescents, victimes d’actes criminel, locataires à faible revenu, femmes victimes de violence, etc.), est justement de ne pas mélanger « valeurs  religieuses » dans les interventions individuelles, de groupes ou collectifs exercées auprès des personnes aidées.   

Oui, chaque être humain qui exerce un métier en Travail social a ses propres valeurs religieuses mais l’éthique ne nous permet pas d’intervenir par le biais d’un évangélisation quelconque. Toutefois, n’oublions pas que le travail social prônes inévitablement des valeurs d’Évangile mais  n’a pas aucun but, ni arrière pensée, de vouloir Évangéliser… voilà une grande différence. En travail social, nous nous faisons un devoir d’être apolitique, areligion auprès des personnes vulnérables que nous aidons.   

Oui, nous prônons la justice sociale, l’égalité, l’équité, la solidarité, l’entraide, le partage, comme le prône l’Église catholique et bien d’autres religions soit dit en passant. Mais tout intervenant, quelle que soit sa religion (catholique, bouddhiste, islamiste, juifs, etc…), ne peut en aucun cas faire advenir sa croyances religieuse dans ses interventions en vue d’évangéliser. Cela serait à l’encontre de l’éthique en travail social.  

Évangéliser 

Quand nous parlons d’Évangéliser, cela est un tout autre domaine et n’a pas le même but que le travail social. Évangéliser, c’est la mission première de Église toute entière et de son personnel (exemple : agent de pastoral, diacres, prêtres, religieux, etc…).  Évangéliser, c’est proclamer de vive-voix, officiellement, en premier plan Jésus-Christ, le faire connaître, bref, agir comme les premiers apôtres l’ont fait en invitant le Peuple à imiter le Christ, marcher à sa suite et ainsi vivre en Église.   Vous conviendrez que nous sommes bien loin du but que porte le Travail social.  

J’aimerais aussi rajouter que lorsque vous dites que les églises sont vides, ce n’est pas seulement en domaine qui connaît une telle sècheresse !  C’est un tournant de l’histoire dans lequel toutes les sphères de la société sont atteintes…  Même en Travail social, il ne faut pas se faire d’illusion !  Combien il est difficile pour tout intervenant social de rallier une présence humaine solidaire envers une cause !  Combien il est difficile de rassembler des militants pour lutter contre la pauvreté ! L’Église connaît peut-être un vide mais en travail social, je puis personnellement vous dire que ce vide est tout aussi difficile à contrer !  Nous nous battons contre des valeurs d’individualisme, de chacun pour soi qui fait qu’aussi, dans ce domaine, nous vivons très souvent des vides… Mais cela, c’est un autre sujet ! 

Permettez-moi tout simplement de vous dire en conclusion, que nous avons besoin de rallier l’idéologie ancienne avec l’idéologie nouvelle pour bâtir un avenir meilleur…  Quand vous dites : « Nous allons organiser ensemble notre vision de l’Église populaire et attendre que les vieux décideurs traditionalistes meurent », à cela, le travail social ne serait certainement pas d’accord avec une telle déclaration.  

Sonia Côté, intervenante sociale

 

- 30 -