4 juillet 2009

Texte d'opinion

LE RESPECT, UNE VALEUR

QUI S'APPREND

Mme Ségal,

Il était prévisible, devant la crise du logement que nous avons vécue une toute première fois à Saguenay, que vous prendriez votre plume et pour nous partager votre opinion sur le sujet. Mais dommage que vous n’ayez pas pris le temps de nous parler au préalable pour que nous puissions vous expliquer ce qui s’est véritablement passé. 

Mais cela aura quand même quelque chose de positif car à notre tour, nous prenons notre plume et nous répondrons en donnant l’heure juste à toute la population. 

Promouvoir les obligations des locataires 

Vous écrivez que nous ne faisons jamais la promotion des obligations des locataires.  Mais comment pouvez-vous affirmer une telle chose quand vous n’avez jamais été témoin des interventions individuelles que nous faisons auprès des locataires qui nous demande de l’aide, des conseils devant leurs problèmes de logement ?  

Quand nous entendons, si ce n’est que le moindre murmure d’un locataire qui aurait l’intention d’aller à l’encontre de la Loi sur la Régie du logement pour faire valoir ses droits, nous nous faisons un devoir de l’informer et de le guider conformément à la loi. Et si, par exemple, un locataire nous soumet l’idée de ne pas payer son loyer parce que son propriétaire refuse d’effectuer les réparations demandées depuis des mois, Loge m’entraide met vite un frein à cette envie, prenant soin d’expliquer les obligations et conséquences d’un tel agissement.  

Le respect, une valeur qui s’apprend 

Maintenant, malgré nos interventions « législatives », il faut comprendre que Loge m’entraide n’est pas responsable de tous les gestes que peuvent poser malencontreusement une minorité de locataires qui  du jour au lendemain,  décident de rendre insalubre leur loyer.  Nous avons reçu tout récemment encore, le témoignage d’un concierge d’immeubles qui nous confirmait que le revenu importe peu à cet effet car ils voient des ménages à haut revenu agir aussi de la sorte. 

De notre côté, devant un comportement irrespectueux du bien d’autrui, nous ne pouvons applaudir ce geste.  Il est clair que le respect d’une personne, le respect d’un lieu, le respect de l’environnement, bref, le respect tout court est une valeur qui dépend de l’éducation que nous avons eu dans l’enfance et qui s’apprend !  Nous croyons que cette valeur n’est nullement reliée à l’état économique d’une personne mais bien à son éducation.   

5 familles à la rue 

Il aurait été intéressant, Mme Ségal, de vous avoir près de nous tout au long de cette crise du logement qui s’est vécue intensément à Loge m’entraide les 29 et 30 juin dernier.  Peut-être que vos propos auraient été un peu plus indulgents !  Quand entre autre, vous nous accusez de ne pas avoir prévenu le propriétaire et retracé l’ancien locataire pour rendre le logement salubre à 12h00 d’un déménagement, cela aurait été inefficace dans cette circonstance exceptionnelle.  

Nous avions 5 familles en état d’urgence et qui réclamaient de l’aide immédiate, dont cette  dame monoparentale qui faisait face à ce logement insalubre.  Nous avons dû gérer cette crise en priorisant nos interventions pour qu’elles puissent porter des fruits non pas dans 6 mois mais subito-presto. Vous n’êtes pas sans savoir que l’article 1854 du code civil ordonne au propriétaire de délivrer au locataire un logement en bon état.   

En conséquence, selon l’article 1855, le locataire, a lui aussi, l’obligation d’user du bien loué avec prudence et diligence.  Donc, il aurait été un minimum, pour le propriétaire, d’aller vérifier l’état du logement quelques jours  avant le 1er juillet et ainsi délivrer à la dame un logement en bon état.

Mesures d’urgences 

Quant à la question d’avoir octroyé un HLM aux familles sans logis, Loge m’entraide n’a jamais réclamé de HLM à très court terme pour faire face à cette crise du logement. La preuve est que  depuis décembre 2008, nous alertions Ville de Saguenay de mettre déjà en place spécialement 3 mesures d’urgences pour faire face à cette crise.  

Nous demandions un lieu d’hébergement temporaire pour loger les familles qui allaient se retrouver à la rue, un entrepôt où placer leurs meubles et des suppléments de loyer d’urgence, une aide ponctuelle d’urgence, permettant aux locataires de se loger dans le privé afin de leur permettre de consacrer 30 % de leur revenu au logement.  

Il faut bien comprendre que ce n’est pas Loge m’entraide qui a décidé d’octroyer des HLM à ces familles mais bien l’Office municipal d’habitation de Saguenay.  Ce choix a de toute évidence pénalisé d’autres ménages qui se retrouvaient sur la liste d’attente des HLM mais dans les circonstances, l’OMH a fait face à des barèmes restrictifs de la Société d’habitation du Québec qui on certainement guidé leurs interventions pour le meilleur.  

Construire des HLM 

Bref, Loge m’entraide a appris de cette première expérience et nous croyons avoir fait l’impossible dans les circonstances.  Maintenant que nous en sommes à l’heure des bilans, une chose est claire : le gouvernement du Québec et du Canada doivent financer de toute urgence la construction de nouveaux HLM, ce qu’ils ne font plus depuis 1994. Cette solution à long terme est la formule idéale pour faire face non seulement aux prochaines crises du logement que nous vivrons mais de répondre aux 573 ménages de Saguenay qui sont sur une liste d’attente.  

Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide

 

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