Chicoutimi, le 13 décembre 2000
Communiqué de presse
Il y a un
an, le fédéral investissait 753 millions $ dans la lutte contre
l'itinérance
OÙ EST PASSÉ L'ARGENT POUR LE LOGEMENT DES
SANS-ABRI ?
Un an après que le gouvernement fédéral ait bruyamment annoncé des investissements de 753 millions $ pour s'attaquer au problème de l'itinérance, pas un sou n'a encore été utilisé au Québec pour fournir un logement à des personnes sans-abri ou à risque de le devenir. Loge m’entraide, qui s'était montré très critique des annonces faites, le 17 décembre 1999, par les ministres Claudette Bradshaw et Alfonso Gagliano estime que le temps lui a malheureusement donné raison. Il en blâme non seulement le gouvernement fédéral mais aussi celui du Québec à qui il réclame des comptes sur l'utilisation qu'il a faite des argents reçus d'Ottawa.
Un rappel
Sur les 753
millions $ annoncés par le fédéral, le 17 décembre 1999, 268 millions $
devaient être dépensés en quatre ans dans le domaine de l'habitation, plus précisément
dans l'augmentation des budgets destinés à la rénovation domiciliaire. Au Québec,
ces argents devaient passer par des programmes gérés par le
gouvernement québécois. Celui-ci devait ainsi recevoir d'Ottawa près de 14
millions $ supplémentaires en 1999-2000 et 15 millions $ de plus par an pour
chacune des trois années suivantes.
Or, selon Loge m’entraide, les sommes versées jusqu'ici n'ont pas encore servi à loger une seule personne sans-abri ou à risque d'itinérance.
Un blâme au fédéral
Au moment de l'annonce fédérale, Loge m’entraide avait sérieusement mis en doute la pertinence d'augmenter les subventions à la rénovation domiciliaire privée pour venir en aide aux sans-abri et aux personnes susceptibles de le devenir. En effet, même si ces subventions permettent d'améliorer la qualité, la sécurité ou la salubrité des logements, elles ne garantissent aucunement des loyers plus accessibles financièrement aux personnes à plus faible revenu. Aucun soutien ne peut non plus être offert dans ces logements aux locataires aux prises avec des problèmes au niveau de la santé mentale, de la toxicomanie, etc.
Selon Loge m’entraide, le gouvernement fédéral aurait plutôt dû utiliser ses 268 millions $ pour offrir aux sans-abri des logements sociaux avec support communautaire, comme ceux qu'il finançait, avant qu'il ne prenne la décision unilatérale de se retirer du logement social à partir du 1er janvier 1994.
Québec aussi à blâmer
Dans sa réponse aux annonces faites par le fédéral en décembre 1999, la ministre responsable de l'habitation au gouvernement du Québec, Louise Harel, avait défendu un point de vue similaire à celui de Loge m’entraide, en affirmant, par voie de communiqué de presse, que «le logement subventionné avec support communautaire et le logement de transition pour les personnes en voie de réinsertion sociale constituent maintenant les avenues à privilégier pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables». On aurait donc pu s'attendre à ce que le gouvernement québécois privilégie lui-même le logement social avec support communautaire dans son utilisation des argents supplémentaires reçus du fédéral, d'autant plus qu'il en avait pleinement le pouvoir. Il n'en a jusqu'ici rien été et sur les près de 30 millions $ supplémentaires reçus jusqu'ici d'Ottawa, pas un seul sou n'a encore servi à cette fin.
Loge m’entraide est scandalisé de la situation et il réclame que le gouvernement Bouchard rende des comptes sur son utilisation de l'argent destiné au logement des sans-abri.
L'organisme craint quant à lui qu'il ne soit passé à la moulinette des compressions budgétaires qui ont fortement frappé les budgets de la Société d'habitation du Québec, au cours des deux dernières années. Selon Loge m’entraide, c'est au gouvernement Bouchard de prouver noir sur blanc qu'il n'a pas utilisé les budgets supplémentaires accordés par le fédéral pour économiser des sommes que lui-même prévoyait dépenser en habitation. Quoiqu'il en soit, Loge m’entraide demande au gouvernement du Québec de s'engager à ce que tout argent qu'il recevra dans les prochaines années du fédéral pour venir en aide aux sans-abri serve véritablement aux sans-abri et plus particulièrement à leur fournir un logement social avec support communautaire.