20 août 2003

Communiqué de presse

 

OPINION DE LA LECTRICE

 

Mme Miron !

Vos propos tenus envers les personnes à faible revenu du Saguenay ont fait ressurgir beaucoup d’appels à mon bureau. En toute justice, au nom des 22 355 ménages locataires du Saguenay (recensement Statistiques Canada1996) qui ont été touché, indignité et jugé par votre radicalisme, je désire réagir une seconde fois pour remettre les pendules à l’heure.

 

Une preuve noir sur blanc

Voilà bien une preuve « noir sur blanc » qu’il existe de la discrimination non seulement dans les régions où le taux d’inoccupation est particulièrement bas comme Montréal mais aussi dans les régions comme la nôtre, où notre taux se situe à 4.9 %.  Vous confirmez Mme Miron, devant la population du Saguenay, ce que je constate depuis que je travaille à Loge m’entraide. Combien de fois ai-je été témoin de locataires qui se sont vu refusés un logement en raison de leur condition économique !  Toute personne, qui elle soit, est avant tout une personne et ne mérite par de se faire juger par un propriétaire avant même de lui avoir loué.

Louer un logement est un droit fondamental au même titre que se nourrir et se vêtir.  Tout propriétaire qui refuse de louer à une personne en raison de sa situation économique, de son ethnie, de sa situation familiale, de son âge ou d’un handicap peut et devrait être poursuivi à la Commission des droits de la personne.

 

Le non-paiement de loyer

Les causes pour non-paiement de loyer sont celles qui sont prioritaires à la Régie du logement.  Le processus d’expulsion n’est pas de 3 mois mais bien de 1 mois et demi. Aussi, des  statistiques nous démontrent qu’il existe des mauvais payeurs dans toutes les classes de la société, même chez les personnes à l’aise économiquement.  Mais au fait... si ce sont seulement les personnes qui sont sur la Solidarité sociale qui déguerpissent de leur logement, mais où donc prennent-elles leur argent pour assumer les frais de déménagement ? Déménager coûte « un bras » et très peu ont la chance d’assumer de tels frais lorsqu’elles sont à faible revenu.

Oui, un logement social (HLM ou coopérative d’habitation) permet de combattre la pauvreté et donne un souffle à la personne pour combler ses besoins.  D’ailleurs, les Offices municipaux du Québec ont un taux de mauvais payeurs situé à 0.5 % pour la simple raison que le revenu consacré au logement est de 30 %.  N’est-ce pas une piste de solution pour garder à long terme vos futurs locataires à faible revenu ?

 

Nous entendons parler que des cas extrêmes

Il existe de bons locataires et de mauvais au même titre qu’il existe de bons propriétaires et de mauvais propriétaires.  Dans les médias, rare où nous entendons parler de locataires qui paient bien leur loyer n’est-ce pas ? Nous misons davantage sur les cas les plus extrêmes...  Mais je tiens tout de même à dire qu’il existe au Saguenay 5555 ménages locataires dont le principal soutien financier est une femme mono-parentale et qui arrivent à payer un logement de 30, 50, 70 % de leur revenu (recensement Statistiques Canada1996) à force de sacrifices innombrables...

 

Les propriétaires ont aussi des responsabilités

Si je renverse le côté de la médaille, bon nombre de propriétaires négligent leurs responsabilités. Depuis 5 ans, 5004 locataires ont eu recours à nos services pour des problèmes de logement de toutes sortes. Combien de promesses signifiées par le propriétaire lors de la location et qui ne se concrétisent pas en cours de bail ? Combien de vice cachés ressortent en cours d’année... comme par exemple la présence de moisissures camouflée par de la peinture fraîche lors de la signature du bail ? Combien de problèmes d’insonorisation sont vécus par les locataires et qui ne leur permettent plus de jouir paisiblement des lieux par faute d’intervention du propriétaire ?

Bref, Loge m’entraide est un organisme qui défend les droits des personnes locataires à faible revenu du Saguenay et ne peut que s’indigner devant vos propos.  La majorité des personnes à faible revenu du Saguenay coupent sur des besoins essentiels tel la nourriture, la médication et les vêtements pour réussir à payer leur logement et ce, malgré divers problèmes de logements et devant l’inaction du propriétaire à vouloir les régler.

Fort heureusement que ce ne sont pas tous les propriétaires qui abondent dans le même sens que vous car nous nous retrouverions avec 22 355 ménages locataires qui se retrouveraient à la rue du jour au lendemain.

Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide